Ami lecteur, je sais, je sais, dans ce regsitre, on est bien loin de la fantasy annoncée sur le bleugue! Mais voilà: je suis à l'aise dans mes contradictions et je peux aisément (?) démontrer que tout cela n'est pas si contradictoire. Allez, je me lance dans un racourci qui frôle le tête à queue (merci Till , en plus d'être androgyne on peut aussi être hermafrodite! Zwitter Zwitter!) Donc la fantasy est mon refuge moelleux car le monde m'effraie (de la création à l'apocalype!) et la peur provoque la haine, donc je suis mysanthrope. J'ai pourtant pitié des humains et de leurs détresses. J'ai besoin de m'évader dans les mondes parallèles mais le lien à la terre et au genre humain n'est pas mort et j'éprouve une sensibilité particulière pour certains de mes semblables, dans leur lutte de survivants.... pour tous ceux qui continuent à tenter de respirer la tête sous les immondices. Voici donc venir "mon petit cahier du cinéma", je ne peux pas épouser la terre entière, aussi mon petit cahier ne concerne-t-il que cette petite partie misérable du monde située sur les îles où mon coeur a jetté l'encre sur ses propres racines.
(bon, ça va, les commentaires du genre : mon nombril et moi !!! mais après tout chacun sa queste du Grâl, je fouis comme un sanglier dans le terreau du royaume celtique!).
Et puis, comme cela m'agace lorsque par inadvertance mes oreilles et mes yeux recoivent les messages des médias qui ne montrent que la misère d'ailleurs pour que l'on oublie celle qui nous touche de près au quotidien, dans notre belle europe (Arno, mon ami, tu as raison, toi et tes potes de TC Matic: putain, putain, c'est vachement bien, nous sommes tous des européens!) Et notre sanglante histoire n'aurait-elle servi de leçon à personne? Si l'on dit "famine" , "esclavage", "colonisation" , "exploitation" , "drogue, alcoolisme, prostitution, sida, "violence"" ...A quoi pensez-vous? à des continents lointains ? à soulager la conscience collective? à se dire qu'il y a pire que chez nous? Moi, je pense à l''Histoire de l'Angleterre, de l'Ecosse et de l'Irlande aujourd'hui , ici, à quelques pas, là, tout près de ma fenêtre et des vôtres, là où mes frères, mes soeurs, mes cousins, crèvent dans les canivaux puants. Et tout le monde s'en fiche comme de mes premières chaussettes trouées, surtout ne pas penser qu'en europe la misère, comme un virus innoculé fait crever l'espoir un peu plus chaque jour.
Voici donc quelques films "peintures sociales" que je considère comme des chefs d'oeuvres:
Tout d'abord, certains films de Ken Loach (Ceux que j'ai vus...)
Il me semble - mais ce n'est que mon opinion - que les films de Ken Loach recoivent les honneurs lorsqu'ils évoquent le passé (le vent se lève par exemple); les films décrivant la misère sociale d'aujour'd'hui doivent déranger, et ils passent presque inaperçu, sauf pour le public déja convaincu...
Ken LoachJust a KissActeurs: Atta Yaqub Eva Birthistle |
DJ dans une discothèque de Glasgow, Casim rêve de monter son propre club. Ses parents pakistanais musulmans pratiquants ont décidé de le marier à sa cousine Jasmine. Mais, Casim a rencontré Roisin, une jeune irlandaise catholique, professeur de musique dans un collège catholique. En refusant d'épouser sa cousine, Casim brise sa famille, attachée à des valeurs "traditionelles". Roisin ne comprend pas, elle n'a pas de famille et se sent libre d'aimer. Pourtant, lorsqu'elle accepte le contrat à plein temps que lui propose le directeur du collège, elle doit aller voir le prêtre pour qu'il valide son "certificat de bonne conduite". Roisin pense qu'il ne s'agit que d'une formalité administrative, mais elle découvre une toute autre réalité. Le prêtre lui rappelle l'acte d'éducation écossais de 1918, et l'amendement de 1989: "l'enseignant sera noté par le prêtre de l'école où il enseigne sur son caractère et la loyauté de sa croyance et la preuve de sa foi catholique". Roisin est séparée de son mari et le prêtre sait qu'elle vit avec Casim, il lui tient des propos insultants et refuse de signer le certificat tant qu'elle vit "dans le pêché" . Roisin se trouve confrontée à un problème similaire à celui de Casilm. Elle doit accepter d'être mutée presque immédiatement dans une école laïque. Cette décision la révolte car l'école catholique est financée intégralement par l'argent des contribuables, mais elle est impuissante face au système. Un film sensible et émouvant. Comment construire une relation lorsque deux personnes sont « soumises » à des cultures différentes mais tout aussi contraignantes. Entre le carcan de la famille au sens large et la fragilité de la vie sans le soutien des siens… Parallèlement à l'histoire de Cassim et Roisin, Ken Loach évoque le passé du père de Cassim, lors de l'indépendance de l'Inde en 1947, et évoque les massacres entre les musulmans et les hindouistes, une note sombre et toujours actuelle . A travers l'histoire du couple, il est question du maintien des barrières entre les différentes cultures, que les politiciens et les chefs religieux (qui occupent des positions de puissance identiques) entretiennent constamment. | |
Ken LoachRiff RaffActeurs : Robert Carlyle Emer Mc Court Jimmy Coleman Ricky Tomlinson |
Stevie sort de prison. A Londres, Il n’a ni job ni toit. Il trouve du travail sur un chantier mais rêve d’avoir un commerce. Une illustration ahurissante des conditions de travail des ouvriers du bâtiment. Sur le chantier, la vie s’organise entre les ouvriers qui récupèrent un squat pour Stevie. Lary, débonnaire et revendicatif tente de convaincre ses collègues qu’un syndicat leur serait utile, mais les paies sont trop maigres pour payer en plus la cotisation. Lary décide de parler à la direction pour obtenir de meilleures conditions de travail et des protections de sécurité et d’hygiène dont le chantier est dépourvu ; Larry se fait virer. Steve rencontre une fille, chanteuse en amateur et au chômage, ils commencent à construire une relation mais Suzan a du mal à se lever pour trouver du travail et se shoote à l’occasion. Steve dont le frère est junkie ne peut pas accepter que Suzan le devienne, il rompt. Un accident se produit sur le chantier, un des ouvrier tombe, l’échafaudage mal fixé ne le retient pas. Steve et un de ses potes vengent la mort de leur collègue en mettant le feu au chantier. Le gardien reste prisonnier des flammes. Certaines prises de vues font froid dans le dos, notamment un plan dans une banlieue, sur des immeubles dont 3 fenêtres sur 4 sont murées et l’environnement vide de vie. Ce n’est pas pour autant un film noir, une légère pointe d’espoir flotte au-dessus de la misère, et l’amitié entre les ouvrier est franchement belle. Sans solidarité rien ne pourra inverser le mouvement du rouleau compresseur de ce pouvoir capitaliste sous le règne de Miss Maguy. Ken Loach souligne également cette rivalité qui s'installe entre ceux qui n'ont plus rien mais qui n'ont plus l'espoir d'un changement, et, de guerre lasse, s'entre dévorent dans une lutte de territoire au sein d'un no man's land inhumain. | |
Ken LoachLady BirdActeurs: Crissy Rock Vladimir Vega Ray Winston Sandie Lavelle 1994 |
Maggy, comme tant d’autres gens, chante au karaoké du pub pour se sentir mieux, partager un peu de chaleur et trouver l’oubli. Elle y rencontre Jorje, un uruguayen clandestin qui a fui son pays. Ils font connaissance: Maggy a 4 enfants de 4 pères différents, tous violents, comme l’avait été son père ; Maggy n’a jamais rien connu d’autre que les rapports de violence. Un soir, elle avait laissé ses enfants pour aller chanter au pub, mais l’électricité de son logement n’était pas aux normes et un incendie s’est déclaré. Sean, son fils aîné a été gravement brûlé. La Dass place les enfants de Maggy dans des familles d’accueil. Jorge a trouvé un travail mais, comme il est sans papiers, il est payé moitié moins cher . Maggy et Jorge nouent une relation, ils trouvent un appart, et s’installent ensemble. Maggy est enceinte, mais quelques jours après la naissance du bébé, les services sociaux et la police viennent prendre l’enfant pour le placer dans un foyer. Le jour du jugement, non seulement le bébé sera adopté mais Jorge risque d’être expulsé du pays. Maggy et Jorge sont victimes des accusations du voisinage, des services sociaux, de la police, et lorsque Maggy est de nouveau enceinte, la Dass et la police viennent prendre le bébé à la maternité quelques heures après sa naissance. Jorge tente comme il peut de soutenir Maggy avec calme et amour. Un cycle infernal de violences à répétitions constitue la trame de la vie de Maggy qui n’est pas en mesure de lutter contre cet engrenage et ne sait se défendre qu’en se montrant elle aussi violente. Ses réactions servent aux juges, à la Dass et à la police à démontrer qu’elle est incapable d’éduquer des enfants dans un climat serein, tout s’acharne contre elle et ses réactions ne font qu’empirer la situation. Jorge a connu des horreurs au Paraguay et semble au bord du désespoir dans cette nouvelle vie, qui écrase les faibles comme un rouleau compresseur, indéfiniment. | |
Ken Loach Raining Stones
Acteurs: Bruce jones Julie Brown Ricky Tomlinson 1993 |
En Angleterre,Tommy et Ann veulent que leur fille ait une tenue de communiante. Au chômage, Tommy et son ami Bob (R Tomlinson) essaient de trouver des combines pour gagner un peu d’argent. Ils essaient de voler un agneau, mais n’y connaissent rien et volent un vieux mouton dont le boucher ne veut même pas, mais il le découpe en échange de travaux. Les deux compères essaient de refourguer les morceaux de viande dans les pubs, pendant ce temps là, ils se font piquer le camion. Tommy se fait prêter du matériel pour nettoyer les égouts, mais il ne trouve pas à vendre ses services, seul le curé l’engage comme bénévole pour vider sa fosse. Il trouve un job comme videur mais le 1er soir de boulot, il voit la fille de son ami Bob dealer et prendre un exta, il se bastonne avec un dealer et se fait virer. Il emprunte de l’argent à une société de prêt pour acheter la robe de communion et un camion d’occas. Mais, il ne parvient pas à rembourser et un usurier privé rachète sa dette. Le mafieux se pointe chez lui pendant qu’il est parti au marché et menace sa fille et sa femme, pique le livret d’allocations. Tommy désespéré guette le mafieux un soir et se jette sur lui dans un parking souterrain. Ils se battent, mais le mafieux rosse Tommy qui se relève tout de même et parvient à casser le pare-brise de la voiture lorsque son adversaire démarre. Le mafieux sévèrement ivre fonce droit dans un pilier et meurt sur le coup. Tommy récupère son livret d’allocations, un peu d’argent et le carnet de dettes de l’usurier. Paniqué, il fonce chez le curé pour se confesser. Le curé le dissuade d’aller se rendre à la police. Dans de film de Ken Loach, on voit bien une fois de plus à quel point le puits de la misère est sans fond, et que la solidarité s’arrête à un cercle d’amis assez restreint, chacun étant tellement noyé dans les emmerdements, la survie n’a pour horizon qu’une lutte au jour le jour, sans espoir d’union massive, juste des combines individuelles pour tenter de ne pas sombrer. "Pour les pauvres, il pleut des pierres 7 jours sur 7" sur leur tête . | |
Ken Loach Land & Freedom
Acteurs: Ian Hart Rosana Pastor Iciar Bollain Tom Gilroy Marc Martinez
1996
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David, jeune communiste anglais rejoint les troupes espagnoles dans leur lutte contre le fascisme. Avec peu de moyen mais une détermination farouche, les combattants avancent contre l’ennemi malgré les pertes qu’ils subissent. La guerre nécessite des moyens dont l’armée populaire ne dispose pas : il faut nourrir les troupes et trouver des armes. Deux questions lourdes de sens vont faire échouer leur mouvement autonome anarchiste. Tout d’abord, le partage des terres, c’est à dire la collectivisation. Cette question se heurte à l’opposition des petits propriétaires qui n’envisagent pas de céder leur propriété. Le fait de les forcer transforme des « sympathisants » du mouvement en ennemis qui se tournent vers les franquistes. Puis, le problème des armes finira par diviser les partisans. La révolution populaire anarchiste à court de moyens devient une double cible : à la fois pour les fascistes de par sa vulnérabilité, et pour les mouvements politiques organisés. David quitte les milices populaires pour rejoindre les communistes, mais il comprend vite que ses anciens frères d’armes sont pris pour cible par ceux qu’il vient de rejoindre Les troupes soviétiques ont besoin de reconnaissance et veulent récupérer le mouvement. Une propagande discréditant les milices populaires jette le trouble entre les opposants au fascisme qui finissent par s’entretuer. Perdant les idéaux auxquels il avait cru en adhérant au parti communiste, il rejoint de nouveau les milices anarchistes et reprend le combat à leurs côtés. Quelque soit l’organisation politique, le pouvoir nécessite une reconnaissance, et peu importent les méthodes ou l’ampleur du mensonge, ou encore le nombre de victimes, les grands mouvements politiques ne cherchent qu’à acquérir plus de pouvoir et plus de territoire. Les mouvements populaires anarchistes sont écrasés pour les besoins de « la cause ». L’histoire de la guerre d’Espagne est toujours très actuelle, en ce sens que les mouvements qui soutiennent le capitalisme ont pour point de convergence l’enrichissement au dépend des plus pauvres. Les mouvements qui tentent de lutter contre le capitalisme, ou du moins pour une justice plus équitable pour les plus démunis, se heurtent au milieu de la lutte à des conflits d’intérêts car une partie de ces mouvements est récupérée par un autre mouvement plus ambitieux et plus avide de pouvoir. Mais aussi, parce qu’au milieu de la bataille (même en cas de paix !) il est question de partage, et que personne ne veut lâcher d’un pouce le presque rien . C’est sans doute très cliché, très caricatural, néanmoins, il est toujours plus difficile pour ceux qui ont peu (et chèrement acquis) de partager ce peu pour peut-être obtenir plus un jour, que de miser plus gros sur des paris certains pour ceux qui détiennent les trois quarts des richesses, car il n’y a rien à partager, il n’y a qu’à gagner. Depuis 1936, le terrain de jeu du capitalisme s’est largement étendu et il est bien plus difficile de lutter sur un si vaste territoire….Est-ce qu’aujourd’hui il ne reste que la misère à partager ? Est-ce qu’aujourd’hui les gens sont encore capables d’espérer autre chose, ou sont ils seulement prêts à capitaliser leur bien en pillant ceux qui ont encore moins ? Sont-ils prêts à unir leurs forces et à ne pas se laisser manipuler et ingurgiter par des organisations politiques bien assises qui ne font que jouer au monopoly sur la planète ? Comme l’Histoire ne parvient pas à servir de leçon….je crains le pire. | |
Ken LoachSweet SixteenActeurs: Martin Compston William Ruan Annmarie Fulton Michelle Coulter Gary McCormack Tommy McKee 2002 |
Liam va avoir 16 ans, sa mère est en prison, son père n’existe pas, Stan,le mec de sa mère est un dealer qui fait affaire avec le grand père. La sœur de Liam tente de suivre un autre chemin, elle veut couper les ponts avec sa mère en qui elle n’a pas confiance. Liam a quitté l’école et vit de petites combines avec son ami Pinball jusqu’au jour où il vole la came de Stan. Mais, en dealant, il met le doigt dans un engrenage et commence à dealer pour un gros poisson. Son nouveau boss exclut Pinball qui décide de se venger. Ni Liam ni Pinball n’ont à perdre quoi que ce soit, il n’ont peur de rien, ou du moins sont totalement inconscients des risques qu’ils prennent. Mais Liam est persuadé que sa mère ne suivra plus la mauvaise pente s’il la prend en charge, et ses illusions tombent les unes après les autres. Lorsque sa mère sort de prison, il est convaincu que leur nouvelle vie dans l’appartement que son boss lui a fourni va définitivement tout changer, et qu’enfin Liam, sa mère, sa sœur et son petit garçon formeront une famille unie. Lorsque Liam découvre que sa mère est retournée chez son ex, il ne peut pas se résoudre à l’idée qu’elle a réellement fait ce choix, il accuse sa sœur de l’y avoir poussé. Mais, la vérité lui faisant face, il est submergé par le désespoir, il n’ plus aucune illusion sur sa mère, ni sur la vie. Il plante Stan avec un couteau, s’enfuit et est recherché par la police. Une jeunesse laminée à la base dans cette Ecosse loin des châteaux. Aucun espoir ne ressort dans ce film, seulement des illusions qui s’effondrent sous le poids d’une réalité sociale terrifiante. Ce n’est même pas la misère du prolétariat, c’est encore moins que cela, aucune lutte n’est envisageable, aucun changement ne peut se profiler à l’horizon. | |
Ken Loach The Navigators
Acteurs: Dean Andrew Tom Craig Joe Duttine Steve Huisson Vern Tracay Andy Swallow 1995 |
Les ouvriers des chemins de fer britanniques découvrent en arrivant un matin que l’entreprise nationale a été vendue à des sociétés privées. Chaque équipe appartient à des sociétés concurrentes. Les accords syndicaux existant jusqu’alors sont abrogés, et les employés ne bénéficient plus de la sécurité de l’emploi. Il leur est possible de trouver des contrats à taux horaire alléchant mais sans garantie de pouvoir travailler suffisamment d’heures pour gagner leur vie. Les congés payés n’existent plus, les absences pour maladie ne sont plus payées, l’assurance sociale n’est plus prise en charge par l’employeur ni les tenues de travail de sécurité. Les sociétés soutraitent les travaux de voirie à d’autres entreprises qui tirent sur les prix en négligeant sérieusement les conditions de sécurité. Un des employés est renversé par un train, ses collègues doivent maquiller en accident de la route pour ne pas perdre leur travail car ils sont responsables de la réputation de la société. Ce n’est pas de la science fiction, et cette situation qui date de 1995 en Angleterre pourrait bien s’étendre à d’autres pays européens. Il est question ici d’ouvriers qui doivent se vendre, et de sociétés qui ont pour unique objectif le profit au détriment d’employés considérés exclusivement comme de la « main d’œuvre » au rabais. Il n’est pas question de solidarité, la situation de ces travailleurs est si alarmante que le choix n’est pas permis. Ils doivent « s’adapter » à une nouvelle conception, partager le travail en gagnant moins et favoriser ainsi l’enrichissement de sociétés privées. Encore un cercle vicieux dans lequel les pauvres s’entre exploitent indirectement. Cette profonde modification touche ici les chemins de fer, mais tous les services publics sont concernés de la même manière | |
Ken Loach Bread & RosesActeurs: Pilar Padilla Adrien Brody Elpidia Carrillo Jack McGee Monica Rivas Franck Davilla 2000 |
Maya débarque à Los Angeles clandestinement pour retrouver sa sœur qui réussit à la faire engager dans la société de ménage où elle travaille. Ici encore, c’est un univers dur pour ces esclaves modernes. Leurs salaires sont inférieurs à ceux que d’autres employés de ménage touchaient 20 ans plus tôt, et le renvoi immédiat et sans appel ressemble à une loterie, au bon vouloir du manager. Ce dernier fait pression sur les employés pour favoriser la délation et leur interdire de se syndiquer. Beaucoup d’employés trouvent malgré tout que leur sort est meilleur que celui qu’ils avaient dans leur pays d’origine, et le peur de perdre leur travail et d’être expulsés. Mais Maya parvient à fédérer ses collègues grâce à l’intervention d’un délégué syndical. Ken Loach ne fait pas d’angélisme par rapport à l’organisation syndicale, dont un des leaders impose à son délégué de laisser tomber les employés de la société de ménage car les résultats se font trop attendre, il lui demande de trouver un autre combat à mener. Sam, le délégué l’envoie balader crânement en lui faisant remarquer que le parti démocrate peut attendre un peu pour récolter les fonds. Rien n’est certain quant à l’issue de cette lutte pour que les employés obtiennent une assurance sociale, des congés payés et la réintégration des employés qui ont été virés. Mais les employés tiennent bon, soutenus par d’autres travailleurs syndiqués. Du pain et des roses fut le slogan utilisé par les premiers grévistes ; de quoi vivre et aussi de la dignité, voilà ce qu’ils réclament. Dans le pays le plus riche du monde fleurit la plus grande misère et la machine à profit tourne à plein rendement. Pourtant, l’union des fourmis laborieuses pourrait porter ses fruits, mais, une fois de plus, chacun a peur, et chacun espère s’en sortir seul, passer par un petit espace, se faufiler sans rien dire, pour quelques dollars de plus ; chacun se dit aussi que personne ne l’a jamais aidé, pourquoi aider les autres ? C’est une sinistre et géniale manipulation des masses qui fait miroiter à chacun qu’une chance est possible, une chance, mais pas d’avantage… Alors c’est à qui pourra la saisir, quitte à vendre ses amis. Cette attitude est toutefois moins immorale que celle de ceux qui s’ingénient à la provoquer. Le film se passe à Los Angeles, mais de semblables situations se passent en France et dans les autres pays européen, où les gens ont aussi absorbé une culture de l’individualisme, d’autant plus forte lorsqu’il s’agit du sort de personnes étrangères. Petite cruauté humaine, lorsque celui qui est considéré comme un sous homme peut trouver l’existence de personnes encore moins considérées que lui, cela lui apporte enfin une dimension de grandeur dans toute sa relativité. | |
Ken Loach
My name is JoeActeurs: Peter Mullan Louise Goodall Gary Lewis Lorraine Mcintosh David McKay 1998 |
Dans un quartier pourri de Glasgow, Joe essaie de “remonter la pente” avec son ami Shanks, tous deux anciens alcooliques. Joe est au chômage, il s’occupe en entraînant une équipe de foot. Il rencontre Sarah, une assistante sociale qui s’occupe de Sabine, jeune maman junky, compagne de Liam dont Joe s’occupe aussi. Un engrenage terrible, où le choix semble ne pas pouvoir exister. Sabine est en dette envers un gros dealer et se prostitue, elle entraîne malgré elle Liam et Joe à risquer leur peau. Sabine apprend que Joe a pactisé avec le dealer, et malgré les motifs humains qui ont poussé Joe , elle le quitte. Joe désespéré reprend du service avec les bouteilles pendant que Liam, incapable de prendre une décision, aussi affolé qu’un lapin pris dans les phares, subit son destin et se pend. Portrait des ravages de la misère urbaine où les humains n’ont aucune prise sur leur propre vie, aucun réconfort ni aucun espoir, ni même le moindre moyen d’échapper à cette fatalité qui les dépasse. | |
Ken Loach "Le vent se lève""the wind that shakes the barley"
Acteurs :
Cillian Murphy Pádraic Delanay Liam Cunningham Orla Fitzgerald Mary Riordan Mary Murphy Laurence Barry 2006
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1- Commentaires de Ken Loach L’histoire se situe en 1920, à cette époque, en Irlande, les rassemblements étaient interdits. Le jeu du hurling pratiqué par les Irlandais, peut être considéré comme fédérateur à la fois du maintien de l’identité nationale et culturelle, mais également comme un moyen de rassembler des partisans de l’indépendance. C’est au sein des équipes que l’armée républicaine recrutait ses soldats. La révolte des irlandais a débuté à la suite des révolutions Française et Américaine, sous l’impulsion de Wolfe Tone en 1798. Cette lutte a duré plusieurs siècles. La balade « the wind that shake the barley » date du 19ème siècle lorsque les Irlandais tentaient d’instaurer leur indépendance. Les dockers et les cheminots ont joué un rôle crucial dans la lutte républicaine par leurs forts mouvements de grève ; ces blocus ont obligé les Anglais à se déplacer sur les routes et à tomber dans des embuscades. A cette époque 2000 conducteurs de trains ont été licenciés. Les femmes ont également joué un rôle essentiel, notamment en tant que messagères, en tant qu’informatrices pour celles qui travaillaient dans l’administration. Leur organisation politique était le Cunmann na mBan. Les volontaires engagés dans la lutte armée prêtent serment au gouvernement de 1919 formé suite à la victoire du Sinn Féin aux élections de 1918, ce gouvernement avait déclaré l’indépendance de l’Irlande, en prêtant serment à ce gouvernement, les volontaires deviennent des soldats de l’Armée Républicaine Irlandaise. Cette élection démocratique a été ignorée par le gouvernement britannique. Le conflit a été en partie considéré comme une guerre de religion, l ‘état Britannique était protestant et sectaire, les Irlandais, catholiques, c’est de là qu’est né l’aspect religieux du conflit, le catholicisme est devenu un symbole identitaire. Quand l’espace politique est réduit, la religion prend le dessus et finit par être politisée. Les rebelles sont obligés de fuir leurs habitations, à cause des représailles des black and tan, ils forment alors des colonnes volantes qui se regroupent pour exécuter leur mission puis se dispersent. Les méthodes utilisées par les militaires Anglais, et notamment les tortures ont été niées par une partie de la presse Anglaise lors de la sortie du film, une forme de négationnisme… Les volontaires se réfugiaient dans des familles qui leur offraient l’hospitalité. Pour ces familles, cet acte était un investissement important, non seulement à cause du danger mais également du fait qu’elles nourrissaient les rebelles, à cette époque, la nourriture était rare, beaucoup d’enfants mourraient de malnutrition. Cette organisation de guérilla a permis aussi de rendre le pays difficile à gouverner pour les Anglais. Les Irlandais commençaient à le gouverner eux-mêmes en mettant en place des tribunaux (souvent dirigés par les femmes du Cunmann na mBan) et une sorte de contre-pouvoir afin de donner confiance au peuple dans son autonomie. Les scènes du film montant des maisons incendiées sont un reflet exact, cette pratique était très courante, le centre ville de Cork avait été complètement détruit par les incendies ; les cibles étaient les villages, les villes, les laiteries, les locaux des syndicats… Après l’incendie de sa maison, une vielle femme refuse de partir habiter ailleurs, elle doit avoir un peu plus de 70 ans et a vécu l’époque de la guerre agraire (1870 – 1880). A cette époque de la famine, les familles étaient expulsées, déplacées, chassées de leurs maisons. L’opinion publique en Angleterre et en Amérique a contraint le gouvernement Britannique à mettre fin à la guerre. Cette trêve arrivait à point car l’IRA était dans une impasse, manquait d’armes et de munitions, les pertes devenaient si lourdes qu’elles affectaient toute la communauté. Cette trêve a duré 6 mois, les gens espéraient réellement leur indépendance lorsqu’ils ont appris la ratification du traité. Il a été signé en Angleterre sans demander l’avis des leaders de l’IRA. Les britanniques ont choisi avec précision les termes de ce traité afin de rendre possible leurs objectifs à long terme. Le traité a été présenté comme un ultimatum aux signataires, Mickael Collins et les autres ont signé sous la menace d’une guerre. Churchill s’est montré particulièrement impitoyable et exigent par rapport à ce traité, dans sa volonté à préserver ce que les Britanniques considéraient comme leur propre intérêt. Dans un conflit qui durait depuis des siècles, c’était la première fois que les Irlandais amenaient les Anglais à négocier , et ils pensaient que la lutte aurait été vaine pour n’obtenir qu’un pis aller au lieu d’une réelle indépendance, alors que la lutte était encore possible en poursuivant les efforts. S’ils renonçaient à ce moment là, ils leur faudrait renoncer à jamais. Accepter cette demi mesure signifiait également que la mort des camarades de lute aurait été vaine. La 1ère organisation politique qui a refusé le traité a été le Cunmann na mBan. La Grande Bretagne possédait à cette époque un empire colossal, et lâcher un pouce de terrain à l’Irlande aurait fait boule de neige dans les autres colonies, qui, auraient pu elles aussi revendiquer leur indépendance (Inde, Afrique). L’Irlande du Nord restait une colonie, le nouvel état libre avait juré loyauté à la couronne britannique. Mais en Irlande du Nord, à cette époque ,il y avait des pogroms à Belfast. L’organisation des mouvements politique de soutien à l’empire doit être évoqué : Edward Carson (loyaliste) avait fondé en 1913 l’UVF (force des volontaires de l’Ulster), une sorte de milice à la solde de la couronne ; ce mouvement était soutenu financièrement par des Tories (conservateurs anglais) et par de puissants industriels. Ces financements ont provoqué la montée en charge de la militarisation en Irlande. En réponse à cela, se sont créés les mouvements des volontaires républicains Irlandais. Les Irlandais soutenaient le programme social du 1er Dail – fondateur de la république – qui s’inspirait de la mouvance républicaine de James Connolly : une société fondée sur des relations plus justes entre les riches et les pauvres, où la terre serait collectivisée. Mais cet idéal s’’est vu peu à peu évincé et devait être repoussé jusqu’au départ des Anglais…Les travailleurs ont continué d’attendre… Le traité avait été habilement lancé pour continuer à maîtriser l’Irlande, mais également pour semer la discorde entre les sections du mouvement républicain. Pour la population, il était très difficile de prendre parti pour l’un ou l’autre camp. Le traité avait été signé le 6 décembre, au moment de noël, la population a été influencée par la presse, les églises, le pouvoir, les leaders de la communauté et leurs familles ; les gens étaient usés par la guerre, et ont changé d’avis après avoir d’abord rejeté le traité, ils ont fini par l’accepter et baisser les bras : « puisque Mickaël Collins s’en contente, nous aussi ». Mais le traité ne prenait pas en compte les graves problèmes sociaux présents à cette époque (extrême pauvreté, malnutrition etc…) Les opposants au traité tentaient d’informer la population par la distribution de tracts reprenant les termes de Liam Mellows (écrits en prison). Ce leader républicain défendait la nécessité pour les résistants d’avoir un programme social qui donne du sens à leur cause. La guerre civile a débuté au palais de justice où les chefs anti-traité s’étaient retranchés depuis avril et avaient installé leur QG, l’attaque a eu lieu en Juin 1922. Beaucoup de républicains ont baissé les bras à ce moment là, car il leur était inconcevable de retourner leurs armes contre leurs anciens camarades ; ce que le gouvernement britannique avait prévu. Les combattants anti-traité ont du, pour poursuivre la lutte, recommencer ce qu’ils avaient fait : attaquer les casernes pour récupérer des armes. Le gouvernement britannique avait envoyé des armes aux chefs du gouvernement du nouvel état libre, et, leur avaient intimé l’ordre d’écraser le mouvement rebelle, faute de quoi, les Anglais reviendraient occuper le pays et se chargeraient de rétablir l’ordre. Comme Mickaël Collins, nombreux étaient ceux qui pensaient qu’une fois installé, le gouvernement de l’Etat libre pourrait rejeter le traité. Les chefs de l’état libre agissaient pieds et poings liés sous la menace, et devait assumer la responsabilité de défaire le mouvement anti-traité. Les méthodes utilisées par l’état libre furent les mêmes que celles des militaires Anglais, ils réglèrent le problème en assassinant les partisans de la totale indépendance (dont Liam Mellows), agissant ainsi sous la menace « afin d’éviter le pire ». L’église, la presse et l’establishment soutenaient le traité en invoquant la paix, mais le traité préservait également les relations de pouvoir préexistantes au sein de l’Etat ; il n’y avait plus aucune chance que soit mis en place le programme social. L’Eglise en soutenant le traité renforçait ses positions politiques. Des milliers de gens ont du émigrer à cette époque, faut de trouver un travail dans l’Etat libre. La réplique de Damien à son frère dans le film : « tu as endossé le tablier du boucher » est une référence à James Connolly qui comparait le drapeau de l’Union Jack au tablier du boucher pour illustrer les méthodes sanglantes utilisées par l’empire dans l’ensemble de ses colonies. Il est difficile d’envisager une paix durable encore aujourd’hui, tant que ce traité existe. 2- Mes commentaires Les méthodes utilisées par les militaires Anglais (Black & Tan) sont les mêmes que celles des nazis, aucune différence. Les Irlandais, colonisés par les Britanniques depuis plusieurs siècles, sont, dans l’ensemble, résignés ; et, sporadiquement mènent des actes de « rébellion » , ils partagent un désir profond et partagé de libérer leur pays pour faire place à leur propre gouvernement, le Dail Eireann. On peut comparer ce mouvement à celui des résistants en France pendant la seconde guerre mondiale. Les syndicats ouvriers ont joué un rôle important, comme les cheminots; d'ailleurs, un des perosnnages principaux est un cheminot. Lorsqu'il est en prison avec Damien, ils récitent ensemble les paroles d'un discours de Connolly, et le cheminot, récite ^les vers d'un poëme, et souligne qu'il est ouvrier mais que cela ne signifie pas qu'il est inculte. Les soldats Anglais ne s’attendent pas à ce qu’un mouvement de résistance s ‘organise, l’occupation dure depuis trop longtemps et ils considèrent les Irlandais comme des attardés profonds, une race de sous-humains. (ce trait est caractéristique de toutes les puissances coloniales) Les Irlandais ne sont ni formés, ni équipés, ni organisés pour lutter contre une armée aussi aguerrie que celle de l’empire britannique. Lorsqu’ils commencent à s’organiser, les troupes anglaises ripostent aux attaques en dirigeant leurs tirs sur les civils, aveuglément. Les riches propriétaires – souvent de vieilles familles anglo-irlandaises – contribuent à maintenir la population sous le joug de l’empire favorable à leur prospérité, et disposent de moyens de pression efficaces pour obtenir des renseignements quant aux activités des rebelles. Les volontaires qui s’engagent dans la lutte armée sont fidèles au Dail, mais dès que le gouvernement commence à s’organiser, notamment par la création de tribunaux, on retrouve un problème commun à toutes ces luttes : celui de la ligne de conduite à tenir entre une organisation régie par des principes et la réalité du terrain qu’est la nécessité des besoins matériels. Cette question donne lieu à des positionnements qui génèrent des scissions au sein du mouvement. Lorsque les Irlandais apprennent la trêve, ils sont au bord de l’asphyxie : manque de moyens et lourdes pertes humaines. Le traité signé en Angleterre n’est qu’une laisse un peu plus longue fixée au collier étrangleur, et ne constitue en rien un avancement, au contraire, ce traité a été rédigé de façon à maintenir l’Irlande sous le joug de l’Angleterre, et d’affaiblir le pays en le divisant. D’une part en annexant l’Irlande du Nord et d’autre part en provoquant une réelle séparation des Républicains : ceux qui espèrent connaître la paix – quel qu’en soit le prix- et ceux qui considèrent que des siècles de lutte, la perte des combattants, le respect du gouvernement élu pour une totale indépendance ne peuvent pas se traduire par cette mesure inacceptable, qui obligent les Irlandais à jurer fidélité au roi Britannique. A ce moment là, les républicains ne disposent en tout et pour tout que de 3500 fusils. Lorsque l’armée britannique quitte l’Irlande (pour remonter en Ulster), les nationalistes (pro-traité) gouvernent le pays. Mais, le gouvernement britannique les obligent à écraser le mouvement des anti-traité sous la menace de leur retour . L’illustration de cette histoire par les prises de position opposées des deux frères est tout à fait le reflet du climat de ce conflit, qui, à l’échelle de l’Irlande a été un conflit fratricide orchestré par l’empire britannique. Le poids de l’église, en tant qu’institution, est très important également dans ce conflit, et les positions défendues par l’église sont en faveur des propriétaires, le message du prêtre illustre également ce discours insidieux qui fait douter les petits propriétaires en leur inspirant la peur du « rouge » qui veut « lui voler ses économies », l’excommunication prononcée à l’encontre des partisans anti-traité peut sembler anodine aujourd’hui, mais à cette époque, c’était un acte fort d’exclusion de la communauté, d’autant plus que les gens étaient profondément croyants. En France, dans les années 70 à 90, les médias qui parlaient du conflit en Irlande ne s’étendaient surtout pas sur les raisons de cette lutte, et, les soldats de l’IRA n’étaient jamais présentés comme des soldats, mais comme des terroristes. Un groupuscule sanguinaire, qui frappait ici et là avec des méthodes barbares. La manipulation était efficace ! D’autant plus que la France et l’Angleterre – bien qu’animées de sentiments contradictoires depuis des siècles l’une envers l’autre – étaient alliées lors des deux dernières guerres et engagées respectivement dans un processus d’économie et de politique. L’Irlande n’a jamais publiquement été reconnue comme une nation à part entière légitimée dans sa volonté de se battre pour son indépendance face à un empire colonial (à l’exception de la presse « rouge » - je ne dis pas « de gauche » volontairement car la « gauche » semble s’être affadie…) La France a observé la même attitude avec ses colonies, elle a donc regardé d’un œil très distrait les événements Irlandais. Je me souviens très bien que les médias parlaient d’une guerre de religion, c’es ainsi que l’on présentait les choses. Pourtant, il ne viendrait pas à l'idée de présenter aujourd'hui les résistants (les maquisards) comme des terroristes - je dis aujourd'hui parc qu'à l'époque ça c'est fait! Tout cela n'est qu'une question de puissance, de partage de territoire et d'horreurs au quotidien . J'ai la désagréable impression que sans ce film de Ken Loach qui a fait parler d elui en se voyant attribuer la palme d'or à Cannes en 2006, la majorité des français continueraient de regarder l'Histoire avec cet oeil discret, presque aveugle... Mais je reste lucide, cela reste abstrait et lointain pour la plupart des gens. A propos de la Bande Originale du film : La chanson « Óró Se Do Bheatha’Bhaile » composée par Patrick Pearse (un des leader de l’insurrection de Pâques 1916) a été reprise par Sinead O’Connor. La chanson « The Wind that Shakes the Barley » est un poème écrit au 19ème sicècle . La musique du film est composée par George Fenton. Quelques ouvrages pour approfondir le sujet : Ernie O’Malley : The Singing Flame Tom Barry: Guerrilla days in Ireland C. Desmond Greaves: Liam Mellows and the Irish Revolution Meda Ryan: The Real Chief (on Tom Bary) | |
D'autres films, dans la série des drames humains....
Mark Herman Les Virtuoses
« Brassed Off » Acteurs: Pete Postlethwaite Tara Fitzgerald Ewan McGregor Stephen Tompkinson Jim Carter Philippe Jackson Peter Martin |
Encore à l’époque de Miss Maggy, à travers l’histoire d’une communauté de mineurs, le film livre un aperçu du désastre anglais provoqué par la fermeture des mines. Les mines seront fermées quelque soit l’ampleur de la grève, et les médias embellissent l’issue de ces décisions, en affirmant que des propositions alléchantes sont faites aux mineurs. Les primes de licenciement ont l’air conséquentes mais ne permettent pas aux mineurs et à leur famille de tenir plus de quelques mois. Les mineurs veulent croire qu’ils pourront, grâce à la grève, empêcher la fermeture du puits qui a pourtant été décidée depuis bien longtemps, les négociations ne sont qu’un leurre qui permet de diviser les ouvrier dans une lutte perdue d’avance. Certains d’entre eux ne sont pas encore remis d’une grève qu’ils avaient soutenue 10 ans plus tôt et paient encore les dettes de cette époque. Comme dans d’autres films ( Raininig Stones), on constate que les dettes sont rachetées par des usuriers privés aux méthodes mafieuses qui usent de violences physiques, d’intimidation et de chantage. La fanfare de la mine reste la seule raison d’être des mineurs, et leur fierté . Cela peut sembler désuet, néanmoins, c’est une leçon d’humilité, d’apprendre à respecter la fierté de chacun, quel qu’en soit l’objet aussi dérisoire qu’il puisse paraître à d’autres. Les rapports entre les gens sont empreints d’une humanité rare, bouleversants, qui donnent à réfléchir sur les possibilités encore existantes d’une profonde solidarité, malgré la colère et le désespoir d’un monde de plus en plus sombre. Petite scène du film, lorsque Phil (Stephen Tompkinson) pour arrondir ses maigres revenus officie en tant que clown pour les goûters d’anniversaire et pète les plombs en racontant aux enfants une petite histoire à propose de Dieu : « Dieu a créé l’homme, et son petit assistant lui dit : « il nous reste encore plein de corps, mais il manque des cerveaux, des cœurs et des cordes vocales, que va-t-on faire ? » Et Dieu lui répond : « Mets des sourires sur leurs visages, et fais les parler avec leur culs » . C’est ainsi que Dieu a créé le Parti Conservateur. » |
De l'Irlande encore....
Neil JORDAN
« Michael Collins »
Acteurs :
Liam Neeson Aidan Quinn Stephen Rean Alan Rickman Julia Roberts
1996
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La guerre en Irlande, côté « ville » et côté « dirigeants », l’autre face des événements décrits dans le film de Ken Loach.
Insurrection de Pâques 1916, après l’échec du mouvement, les leaders du gouvernement irlandais – élus par le peuple , niés par l’empire Britannique ». Les plus éminents membres de l’IRB (Pearse, Mc Donagh, Thomas Clarke et Connolly) ont été fusillés, Eamon de Valera est élu président du Dáil . Les combats font rage, et les services secrets britanniques ont suffisamment d’information sur les leaders pour étouffer le mouvement. Par ailleurs, l’IRA manque de munitions. De Valera part aux Etats Unis dans l’espoir de rencontrer Wilson, et de plaider la cause de l’Irlande à l’étranger. Durant son absence, les combats se poursuive plus ardemment encore, Michael Collins mène les opérations en qualité de chef de l’IRA. Il obtient assez de renseignements pour saper les rangs ennemis en faisant tomber les têtes (les membres importants de la police et de l’armée). Mais, Michael Collins est lucide, il sait que ses troupes ne tiendront pas longtemps face à une armée puissante ; il se demande qui cèdera en premier entre « le dos et le fouet ». A son retour, De Valera est amer de n’avoir pas obtenu le soutien du gouvernement Américain, ni le soutien des Irlando-américains. On sent également l’amorce d’une rivalité entre De Valera et Michael Collins qui commence à faire parler de lui, la presse relate ses exploits et De Valera est furieux de l’image de l’Irlande dans la presse, où les leaders sont traités de meurtriers. De Valera veut obtenir le respect de son armée et de la République. Il ordonne une attaque au « palais des douanes », l’opération s’avère être un échec. Peu de temps après, et certainement suite aux attaques de guérilla menées par l’IRA dans tout le pays, les Britanniques demandent la trêve et proposent d’entamer des négociations . De Valera – on le suppose – sait que les négociations n’apporteront pas la reconnaissance de la République, et il ne prend pas le risque de se rendre à Londres, il envoie Michael Collins. Il n’endossera pas la responsabilité personnelle d’un probable affront. Michael Collins veut la paix, Eamon De Valera veut la liberté. Au retour de Michael Collins et de Griffith, De Valera s’insurge, et rejette publiquement le traité devant l’assemblée, malgré le vote majoritaire en faveur de cet accord. Le discours qu’il prononce se veut avant tout républicain, il refuse de jurer loyauté à la couronne et rejette la partition de l’Irlande. Il sait que le traité a été signé sous la menace, et que Collins n’a pas eu le choix : l’Angleterre déclarait la guerre à l’Irlande si le traité n’était pas ratifié. Collins endosse l’entière responsabilité du traité, mais il déclare que c’est un premier pas avant de faire reconnaître la légitimité de la République. De Valera incite la population à se révolter, c’est le début de la guerre civile.
Je ne dirai pas que Collins avait raison à 100%, il était lucide quant aux possibilités de « négocier » avec les anglais, et savait que De Valera ne jouerait pas sa carrière politique sur un tel pacte avec un ennemi occupant le pays depuis 700 ans. Je ne dirai pas que la carrière politique était la seule motivation de De Valera, il croyait en la force de l’Irlande et en la reconnaissance de la République. Mais, il lui fallait un bouc émissaire, et Collins lui faisait de l’ombre, ce fut un combat entre deux géants, comme il s’en est vu ailleurs (je pense à De Gaulle et Leclerc). On ne peut encenser qu’un Héros à la fois… La guerre était inévitable, mais peut-être eût-il mieux valu qu’elle ne soit pas civile ? Qui peut dire aujourd’hui ce que cela aurait donné, si Collins et Griffith avaient refusé de ratifier le traité et que l’empire Britannique avait déclaré la guerre à l’Irlande ? Est-ce qu’en 1921, alors que la première guerre mondiale vient à peine de se terminer (en eau de boudin), un pays européen serait venu en aide aux Irlandais ? Sûrement pas la France, alliée de l’Angleterre… Difficile – pour moi en tous cas – de projeter un scénario …. Mais, ici comme ailleurs, « l’Etat a ses raisons que la raison ignore ».
A lire pour peaufiner le sujet: Liam O'Flaherty: Insurrection et The Informer
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